Accoucher en temps de pandémie — Valerie Barrette, Annie Daigneault et Olivia Olesinski
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23 min | Publié le 8 juin 2021
La pandémie de COVID-19 a perturbé les plans de bien des gens, mais n’a pas empêché la cigogne de passer! Dans ce balado, nous discutons avec 3 mères de leur récente grossesse, de leur accouchement et de leur vécu de parent durant la pire pandémie en un siècle.
Cet épisode traite de grossesse et d’accouchement. Nous préférons vous en avertir.
Cet épisode est disponible en français seulement.
Transcription
Alex Maheux
Comme la pandémie Covid-19 évolue rapidement, les circonstances ont peut-être changé depuis l’enregistrement de cette entrevue et ne reflètent pas nécessairement la situation présente.
Bonjour et bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Je suis votre animatrice, Alex Maheux.
Dans cette émission de l’Institut canadien d’information sur la santé, nous allons analyser les systèmes de santé du Canada avec des experts qualifiés. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur les politiques et les systèmes de santé et sur le travail effectué pour favoriser la santé des Canadiens.
La Covid-19 a perturbé les plans de nombreuses personnes, mais elle n’a pas pu arrêter les cigognes. Aujourd’hui, nous parlons de la principale raison pour les hospitalisations, année après année au pays, les accouchements. En fait, cette dernière année, l’ICIS a rapporté plus de 360 000 hospitalisations pour les accouchements et les césariennes étaient la chirurgie avec hospitalisation la plus courante. Nous parlons à quelques nouvelles mères de leur expérience d’être enceintes et d’accoucher au milieu de la pire pandémie du dernier siècle. Nous en discutons avec Olivia, de Toronto, en Ontario, Annie, près de Montréal, au Québec, et ³Õ²¹±ôé°ù¾±±ð, à Ottawa, en Ontario.
Rappelez-vous que les opinions et les commentaires de nos invitées ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Institut canadien d’information sur la santé. Allons-y.
Bonjour, tout le monde. Bienvenue au balado de l’ICIS. Commençons avec les introductions de notre table ronde, aujourd’hui. Nous avons Olivier à Toronto. Bonjour, Olivia. Pourrais-tu te présenter, nous donner quand vous avez donné naissance et aussi parler de la nouvelle addition que vous avez faite à votre famille?
Olivia
Oui. Donc, bonjour, je m’appelle Olivia. Je vis à Toronto avec ma famille; nous sommes quatre. J’ai mon conjoint Tom, j’ai un fils qui s’appelle Marshall, qui a 4-1/2 ans, et nous avons ajouté Fia qui a eu 4 mois cette année.
Alex Maheux
Ah! Félicitations. Et Annie, au Québec, bonjour.
Annie
Bonjour, oui. Moi, j’ai accouché l’année passée en avril. Mon bébé a eu 1 an. Il s’appelle Phillippe. C’était mon premier et là je suis enceinte du deuxième pour l’automne prochain.
Alex Maheux
Toute une bonne nouvelle pour commencer le balado. Finalement, nous avons ³Õ²¹±ôé°ù¾±±ð dans notre capitale d’Ottawa.
³Õ²¹±ôé°ù¾±±ð
Oui, bonjour. Alors, je m’appelle Valerie Barrette. Nous, dans notre famille, on est aussi quatre. Alors, j’ai mon mari Brandon, mon fils aîné s’appelle Émile, lui est né en avril 2019, et mon fils Toulouse est né il y a deux mois le 5 mars 2021.
Alex Maheux
Félicitations. Alors, je vais commencer avec Annie, au Québec. Quelle a été votre toute première pensée quand vous avez su que vous étiez enceinte? Vous rappelez-vous comment vous vous sentiez et quand avez-vous réalisé aussi que ça ne serait peut-être pas une expérience ordinaire?
Annie
Bien, moi, en réalité on s’est marié au mois d’août 2019. Je suis tombée enceinte en voyage de noces. Donc, on était très heureux. C’est sûr qu’il n’y avait pas encore la Covid. On en entendait parler, mais c’était loin, c’était en Asie. Donc, moi, tout allait bien, la grossesse se passait bien, c’étaient de très belles nouvelles et puis c’est surtout à la fin de la grossesse que je dirais que ç’a été plus difficile, anxieux. Ç’a été des moments plus difficiles pour nous deux, moi et mon conjoint, parce que c’était le premier aussi.
Alex Maheux
Et Valerie , ce n’était pas ta première expérience, comment est-ce que tu as vu ça? Ç’a été quoi, ta première pensée, quand tu as eu la réalisation que ça serait peut-être un peu différent que la première fois?
Valerie
Oui, bien, en fait, on l’a un peu planifié en conséquence des événements qui s’étaient déroulés en début 2020. Alors, moi, mon intention, ce n’était vraiment pas de tomber enceinte en 2020, en fait. Alors, moi et mon conjoint, on travaille tous les deux pour Affaires mondiales Canada et on était censé partir en affectation au Japon à l’automne dernier, alors à l’automne 2020, mais à cause de toute la situation avec la pandémie notre affectation a été cancellée. On s’est retrouvé au printemps 2020 avec pas grand-chose à faire, alors, on s’est dit : Bien, pourquoi pas essayer pour un deuxième? C’est un peu comme ça que ça s’est passé pour nous. D’une certaine façon, je le savais dès le début. Les circonstances dans lesquelles j’accoucherais ne seraient pas vraiment comme pour mon premier bébé, en fait.
Alex Maheux
Olivia, toi aussi, c’était ta deuxième expérience. Avais-tu le même genre de sentiments que Valerie ou c’était un peu différent?
Valerie
C’était un peu différent que Valerie. Oui, c’était notre deuxième grossesse. C’était une grossesse planifiée. Je suis tombée enceinte dans les premières semaines de la pandémie et c’était un temps où on ne pouvait pas prédire qu’un an plus tard on serait toujours dans cet environnement. On était très content, mais on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Mon expérience et mes sentiments ont vraiment changé tout le long de la pandémie.
Alex Maheux
Annie, tu as déjà touché un peu sur ça, mais je vais vous demander, aux trois, comment a été votre grossesse? Est-ce que vos plans d’accouchement ont changé à travers la pandémie?
Annie
Pour moi, en réalité, au mois de mars, quand mes beaux-parents revenaient du Mexique, mon shower, que je n’ai jamais eu finalement, un peu d’émotions parce que je suis dans les amis la plus vieille qui a eu des enfants le plus tard. J’avais organisé plein de showers et malheureusement je n’avais pas pu avoir la fête. Donc, je trouvais ça, déjà en partant, triste. Je me dis : ah, c’est comme on ne peut pas célébrer le bébé qui arrive. Ensuite, j’avais fait mes cours avant l’accouchement, puis ils donnent l’idée et tout ça, mais quand il y a le Covid, tout a changé. Nous, à un moment donné, au mois d’avril au Québec, on a même eu une fin de semaine qui disait que les papas n’avaient pas le droit d’assister à l’accouchement. Et là , ça, je suis venue émotive et je me trouvais le plan B : Eh bien, je vais accoucher à la maison, je vais me faire venir un médecin, je ne veux pas être toute seule à vivre ça. Parce que je n’avais aucune idée de quoi m’attendre. Je n’avais aucune idée, c’était la première fois. Donc, je dirais que les émotions et l’anxiété ont beaucoup embarqué, mais mon médecin, parce que je le voyais rapproché – vers la fin, on les voit plus rapproché, surtout que je faisais aussi un peu de diabète de grossesse – elle me disait « Non, non, le père peut venir, mais vous n’avez pas le droit de sortir de la chambre ». Il y avait vraiment des grosses règles. Je trouvais ça dommage aussi qu’à l’hôpital les gens ne pouvaient pas venir voir le bébé et tout ça, mais il y avait du positif en même temps, parce qu’on a pu se reposer parce que ç’a été long. J’avais été provoquée, donc ç’a été long, le travail. Disons qu’on a profité que quand bébé dort, on dort, nous aussi, pour récupérer la nuit blanche qu’on avait eue. Je me suis dit : Mon dieu, ça, c’est le positif. Mais c’était très difficile. Je ne sais pas dans les autres provinces, mais nous, c’était vraiment le nombre d’heures que tu as le droit de rester avec ton bébé. Ils nous ont sortis le lundi soir à 10 h le soir. Là , je me disais : Ah, est-ce que je peux rester une autre nuit? J’avais accouché le dimanche matin, j’ai juste fait une nuit à l’hôpital. « Non, non, on n’a pas assez de lits, il faut en garder pour la Covid, donc vous devez quitter ». Ça fait que là on est parti comme super tard le soir. La deuxième nuit, ç’a été l’enfer à la maison. Je me disais : Mon Dieu! Je me sentais toute seule, parce que ma mère ne pouvait pas venir m’aider et tout ça. Ç’a été difficile au début, mais après ça j’ai eu les services du CLSC et tout ça, puis ça s’est bien passé. Mais, oui, la fin de la grossesse n’a pas été facile.
Alex Maheux
Et Valerie, toi, je sais que tu as une histoire assez incroyable à conter par rapport à ta grossesse, mais aussi le déroulement de l’accouchement.
Valerie
Oui. Alors, moi, pour mon premier fils, j’avais eu une césarienne et mon objectif pour mon deuxième était vraiment d’avoir un accouchement vaginal. Alors, la grossesse d’une certaine façon, elle s’est déroulée d’une façon assez prévisible, parce que je savais à quoi m’attendre, puis ma deuxième grossesse a beaucoup ressemblé à ma première. Mais au niveau de l’accouchement, c’était vraiment du nouveau. Alors, je sympathise beaucoup avec Annie de cette façon-là , parce que je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Il y avait beaucoup, beaucoup d’anxiété, en particulier comme au mois de mars. C’était le début de la troisième vague, on commençait à s’inquiéter. Moi aussi, j’avais vraiment peur que mon conjoint n’était pas pour pouvoir assister à la naissance. Mais en fin de compte, ce que je trouve assez remarquable à propos de mon expérience, c’est que ça s’est déroulé vraiment sans incident. Comme Annie l’a mentionné, quand on est en mode travail actif, on n’a pas vraiment la capacité mentale de penser à autre chose. C’est seulement quand j’y repense maintenant que je me dis : wow, ouais, ç’a été quand même une expérience assez différente. On ne peut pas quitter notre chambre d’hôpital. Il y avait des mesures sanitaires assez élevées, tout le monde porte un masque. J’ai dû travailler en portant un masque. Mais dans le moment même, on n’a pas vraiment le temps d’y penser trop, trop.
Annie
Si je peux ajouter. Moi, j’avais droit de ne pas avoir de masque, parce que les masques sont arrivés plus au printemps l’année passée. Ce n’était pas encore important, donc au mois d’avril on était correct. Mais, nous aussi, je n’avais pas le droit de sortir de la chambre. Je sais qu’actuellement – j’ai posé la question à cause de ma deuxième grossesse – si vous n’avez pas le Covid, vous pouvez circuler sur l’étage. Nous, on était dans la chambre, donc je n’avais pas accès au bain. Quand j’ai eu vraiment des grosses contractions, c’est dans la douche. Mon chum me laissait le jet d’eau froide dans le bas du dos, puis dès que c’était fini, la contraction, il fermait la porte parce que j’avais trop froid. Ils m’avaient offert un ballon. Ça, au moins, ils pouvaient nous l’apporter. Mais c’était cloitré dans la chambre. Je me rappelle que dans les techniques qu’on avait apprises dans les cours, c’est aller marcher dans le corridor, prenez un bain, faites des choses. Puis j’ai dit : oui mais j’ai droit à rien, tu sais. Donc, c’était vraiment différent, les règles sanitaires. Mais c’était nouveau aussi pour la Covid.
Alex Maheux
Olivia, toi?
Olivia
J’ai eu une expérience un peu semblable à Valerie. Moi aussi, j’ai eu une césarienne avec mon premier et j’avais l’objectif d’avoir un accouchement vaginal pour mon deuxième. J’ai été très chanceuse, mes deux grossesses ont été super bien, je n’ai pas eu de complications. Malheureusement, mes deux enfants ne voulaient pas sortir. En fin de compte, j’ai fini par avoir une deuxième césarienne, qui était planifiée. Donc, c’était plus facile, je pense. Mais comme Valerie, on ne pouvait pas se promener, ou bien comme les deux on ne pouvait pas vraiment se promener sur le plancher. Une fois que Fia est née, on était pris dans notre chambre, on ne pouvait pas sortir. On portait des masques la majorité du temps. La première soirée, on avait une chambre double. Nous et l’autre couple, on avait fermé nos rideaux et on en levait nos masques. Les infirmières ne poussaient pas vraiment pour qu’on le porte, ce que j’ai trouvé un peu bizarre. On était seul la majorité du temps et on nous disait de remettre notre masque.
Valerie
Je sais, j’ai eu une expérience semblable avec le port du masque, Olivia. Après que j’ai accouché, nous aussi, on oubliait constamment de remettre notre masque, puis les gens ne disaient pas grand-chose. Moi aussi, j’ai trouvé ça un peu intéressant.
Alex Maheux
Mm-hm. C’est vraiment intéressant. Comment est-ce que vos partenaires ont vécu cette expérience?
Annie
Bien, moi, je dirais que mon conjoint, surtout vers la fin de la grossesse, j’avais une dernière échographie, il n’a pas pu être présent. Et là encore pour ma deuxième grossesse, les échographies qu’on a, la première de 14 semaines il n’a pas pu être présent, ils ne veulent pas. Alors, on trouve ça dur, parce qu’on se dit : on va les deux, ensemble, chez Walmart, mais on ne peut pas aller à l’échographie. On trouve ça vraiment dommage. On comprend les réalités dans les hôpitaux, ils ne veulent pas que ça rentre, mais on trouve ça vraiment dur. Il a trouvé ça dur de ne pas sortir, mais en même temps on n’avait pas d’autres enfants. Là , on a un bébé. Le deuxième, bien, je me suis dit : bien, il va pouvoir aller le voir. Ça, on aurait peut-être trouvé ça dur, mais là , de rester avec moi, c’était correct, puis au contraire il s’était fait une boîte à lunch avec plein de choses dedans, plein de trucs pour ne pas rien manquer. Donc, il était très content d’avoir son snack. Il était très drôle, parce que des fois même il disait : ah, j’ai hâte à la deuxième, je vais me refaire un snack. J’ai dit : oui, mais tu vas pouvoir sortir, là . Il dit : non, non, mais je vais rester avec moi. Ça fait qu’il y avait quand même le bon côté. Puis on a fait beaucoup de vidéos, montrer le bébé aux grands-parents quand il est né. Il a été très présent à ce niveau-là . Mais je dirais qu’il a quand même trouvé ça dur aussi, le premier mois, quand on ne pouvait pas avoir de visite ou c’était la visite mais dans la fenêtre où, nous, on avait le bébé puis eux étaient en bas du balcon. Mais la grossesse, l’accouchement, il n’a pas senti trop l’effet de ne pas sortir, parce qu’on restait de toute façon les deux, ensemble, puis on n’avait pas d’autres enfants qui nous attendaient ou quoi que ce soit. Donc, ç’a été pas si pire.
Alex Maheux
Valerie, comment c’était pour ton partenaire, l’expérience?
Valerie
Je suis d’accord un petit peu avec ce qu’Annie a dit. Pour nous aussi, mon conjoint n’a pas vraiment remarqué trop, trop les mesures sanitaires ou quoi que ce soit. Je dirais que la seule chose qui m’a vraiment inquiétée, comme j’ai mentionné, c’est que j’avais peur qu’il ne puisse pas assister à l’accouchement. À peu près deux semaines avant que j’aie accouché, mon mari a développé un genre de rhume, puis là j’ai vraiment paniqué parce que je me suis dit : même si ce n’est pas la Covid, si on rentre à l’hôpital puis il mentionne qu’il a des symptômes, il ne pourra pas rentrer. En fin de compte, il s’est fait tester, le résultat était négatif, puis ses symptômes se sont résorbés. Mais c’est plutôt cette anticipation puis l’anxiété qui étaient rattachées à tout ça qu’on a trouvé difficile.
Alex Maheux
Olivia, pour toi, comment ç’a été pour ton partenaire?
Olivia
Ça s’est bien déroulé. Je pense qu’il a trouvé ça… le fait qu’il ne pouvait pas venir aux échographies, il n’a jamais entendu le battement du cœur de notre petit… il se sentait un petit peu seul et moi aussi. Ç’a été une expérience très solitaire. Être enceinte pendant la pandémie, par contre, être toute seule puis on ne peut pas amener notre partenaire avec nous à nos rendez-vous.
Alex Maheux
Alors, ça fait quelques mois pour certaines d’entre vous. Pour certaines, ça fait presqu’un an que vous êtes à la maison avec vos bébés. Comment est-ce que ç’a été, le retour à la maison? Est-ce que vous avez été capable de trouver du support – Olivia, tu viens de toucher un peu sur ça – mais avec la famille, des amis et aussi avec les systèmes de santé?
Annie
Bien, moi, c’est sûr que j’ai eu le support, parce que l’allaitement a été un peu difficile au début. J’ai eu l’aide du CLSC, j’ai pu aller à une clinique, tout ça. Le fait que j’ai accouché au mois d’avril, c’était un peu le printemps qui s’en venait, donc déjà l’année passée, juin, ç’allait mieux, on pouvait sortir dehors pour voir du monde à distance. Donc, on est sorti un peu de notre isolement puis on a vu des amis, de la famille un petit peu plus au début, mais ça faisait quand même deux mois qu’il était né. Quand même, j’ai eu le support, puis souvent, bien, c’était par vidéo. Exemple, l’allaitement, j’avais de la misère, ma sœur m’aidait. Je lui demandais : est-ce que c’est la bonne position avec le bébé? Je sais qu’avec d’autres personnes c’était ça aussi un petit peu. Ce n’est pas pareil comme en live, en présence, mais ça aidait quand même. Mais c’était difficile. Mon conjoint avait huit semaines de paternité. Donc, au moins les deux mois il est resté avec moi. Ça, j’ai beaucoup apprécié. Lui aussi était en télétravail depuis le mois de mars dernier. Donc, je peux dire que l’année qui a suivi, lui et moi, c’est beaucoup d’être isolé.
Alex Maheux
Valerie et Olivia, avec Fia et Toulouse, comment ç’a été dernièrement?
Olivia
Ma mère est restée avec nous pour 10 semaines, parce que les écoles n’ont pas rouvert en Ontario après les Fêtes. Donc, ma mère assistait avec Marshall qui fait son jardin en ligne présentement, mon mari travaille de la maison et, moi, je pouvais prendre soin de Fia. Parce que j’avais eu une césarienne puis c’était encore ouvert, je ne voulais pas vraiment sortir la première semaine de toute façon. Comme la grossesse, c’est une expérience très solitaire parce qu’on ne peut pas sortir. Quand j’étais en congé de maternité avec Marshall, j’ai vraiment profité de tout ce que la ville de Toronto offre pour les femmes et les personnes avec des bébés. On allait aux galeries d’art, j’ai fait des cours de yoga, des cours de natation, j’avais beaucoup d’amies qui étaient en congé aussi. Mais cette fois-ci je ne connais pas de femmes qui sont en congé, je ne peux pas rencontrer les femmes dans ma communauté, dans mon quartier pour un café. C’est vraiment triste.
Alex Maheux
Valerie, pour toi?
Valerie
C’est sûr que je trouve le temps très long. Alors, moi aussi, comme Olivia, j’ai mon fils de deux ans à la maison en même temps que mon nouveau-né. Ça, c’est vraiment difficile à jongler. Je vous dirais qu’honnêtement je trouve l’expérience d’avoir un bambin à la maison durant la pandémie beaucoup plus difficile que la grossesse et l’accouchement durant une pandémie.
Alex Maheux
Wow! C’est déjà quelque chose.
Valerie
Ce n’est vraiment pas facile. Tu sais, des bambins, c’est tellement demandant. Puis être cloitré, dans la maison, on ne peut pas sortir. Comme maintenant, j’hésite même de l’amener au parc. Je trouve ça vraiment difficile. Puis quand on rajoute le nouveau-né, c’est vraiment, vraiment un défi. Comme Olivia l’a mentionné, quand j’ai eu Émile, mon plus vieux, j’ai fait des cours de yoga, j’ai fait plein de cours d’exercice, j’ai fait des cours de massage de bébés, j’avais un groupe d’amies mamans avec qui je sortais presqu’à tous les jours. Là , on tombe à rien. C’est vraiment désolant. C’est sûr qu’on se sent seule. L’autre côté de la médaille, par contre, c’est que mon mari est aussi à la maison. Mon mari travaille de la maison, alors d’une certaine façon je ne passe pas mes journées toute seule, mais c’est sûr qu’on s’ennuie.
Alex Maheux
Oui, je peux juste imaginer. C’est quoi une chose que vous voudrez que le monde sache par rapport à être enceinte et aussi d’accoucher durant une pandémie, que vous n’avez peut-être pas encore mentionnée?
Valerie
Je peux commencer. Une chose que j’aimerais vraiment laisser comme message ici, c’est pour l’accouchement aussi pour la grossesse. Le personnel de santé dans les hôpitaux mais aussi les obstétriciens, les sages-femmes ont un niveau de professionnalisme et de dévouement vraiment sans pareil. C’est vraiment grâce à ces gens-là que cette expérience peut être normalisée, d’une certaine façon. Ç’a m’a vraiment frappée à quel point, à l’hôpital mais aussi durant mes rendez-vous avec mon obstétricienne au cours de ma grossesse, tout ce qui se passait semblait vraiment routinier. Je pense que c’est vraiment remarquable à quel point ces gens-là qui travaillent dans des circonstances très, très, très difficiles ont la capacité de normaliser ce qui se passe en ce moment pour les femmes enceintes.
Alex Maheux
C’est vraiment un beau message. Olivia ou Annie, vous avez quelque chose à ajouter?
Annie
Bien, moi, c’est dur de comparer avec une autre, parce que c’était la première. Tout ce dont vous avez parlé tantôt, vos activités, j’avais tout un beau plan, pendant ma grossesse, de choses que je voulais. J’avais une cousine puis ma belle-sœur qui accouchaient en même temps que moi. Donc, on s’était dit (…) des idées d’aller faire des activités de temps en temps. On n’a pu rien faire. On s’adapte quand même par la situation, on n’a pas le choix, puis je ne sens pas mon bébé plus malheureux parce que pendant un an il a manqué plein de choses que lui ne sait pas. D’avoir manqué le Père-Noël, il ne sait pas c’était quoi. De ne pas avoir eu de fête à 1 an, on a trouvé ça dur. Il ne faut pas que j’en parle trop, j’ai trouvé ça dur, fin avril, de ne pas lui faire sa fête avec tout le monde. Mais je sais que je vais le faire cet été. Il y a des choses que je n’ai pas pu faire, ça m’a fait beaucoup de peine. Mais on se dit : il y a des choses pires. Mon conjoint était à la maison, j’avais une présence. Lui a pu profiter de voir son fils pendant un an, ce qui n’aurait pas pu s’il avait travaillé à Montréal. Je me dis : mon fils a pu passer beaucoup de moments avec son père, les dîners, les pauses, des choses comme ça. C’est sûr que l’année a été difficile. J’ai hâte de vraiment revenir à la normale, puis j’espère que pour ma deuxième grossesse, deuxième congé de maternité, que ça va être différent pour voir c’est quoi. J’ai quand même eu un beau bébé en santé, alors je ne peux pas trop me plaindre.
Alex Maheux
Alors, la pandémie fait évidemment une grosse partie de vos histoires de naissance aussi. Qu’est-ce que vous espérez pour vos enfants dans le futur?
Annie
Moi, je pense qu’il va s’en rappeler, parce que toutes les photos, pendant un an, avec du monde, ils ont tous des masques. Dans son album-photo, tout le monde a des masques sur les photos. Donc, je sais qu’il va connaître comment il est né, mais j’espère dans le futur que ça va aller mieux, de revivre un peu une vie normale, mais on sait que ça ne sera pas tout à fait pareil, parce qu’il y a des choses quand même qui ont changé, puis qui va être différente. J’ai hâte qu’il puisse jouer avec ses cousins, cousines, qu’il puisse voir ses oncles, ses tantes.
Alex Maheux
Mm-hm. J’ai hâte pour vous. Olivier, pour toi?
Olivia
Bien, comme tous les parents, j’espère que mes enfants trouvent leur bonheur et soient contents dans leur vie. J’espère que mes enfants vont apprendre comment forts (…) on été leurs parents pendant ce temps. Mais comme tout le monde, on a vraiment hâte, avec le temps, de retourner à quelque chose d’un petit peu plus normal.
Alex Maheux
Et Valerie, pour toi?
Valerie
Moi, je lui souhaite vraiment de se rapprocher avec les gens avec qui on n’a pas pu passer beaucoup de temps cette année, comme mon frère, par exemple. Mais aussi je lui souhaite vraiment de développer une certaine résilience, parce que si l’expérience de cette année m’a appris quelque chose, c’est vraiment que c’est important d’être résilient, puis de pouvoir s’adapter à des situations difficiles. Alors, si je veux lui apprendre quelque chose, je pense que c’est vraiment ça. La capacité de s’adapter, d’être flexible, c’est important dans la vie parce qu’on ne sait jamais qu’est-ce qui va arriver.
Alex Maheux
Absolument. Bien, merci encore à toutes les trois d’être ici. Valerie, Olivia et Annie, merci pour votre bravoure, pour partager vos histoires. Je vous souhaite tout le bonheur avec vos petits.
Merci d’avoir été à l’écoute. Nous espérons que cet épisode vous a plu. Revenez-nous bientôt, car nous continuerons à présenter des points de vue intéressants et à décortiquer les sujets liés à la santé qui vous intéressent. Pour en savoir plus sur l’ICIS, visitez notre site Web icis.ca Si vous avez apprécié notre discussion d’aujourd’hui, abonnez-vous à notre balado, laissez-nous un commentaire et suivez-nous sur les réseaux sociaux.
Cet épisode a été produit par Jonathan Kuehlein, avec l’aide d’Amie Chant, Marisa Duncan, Shraddha Sankhe et Ramon Syyap. Ici, Alex Maheux. Merci de suivre le Balado d’Information sur la santé au Canada. À la prochaine.
<Fin de l’enregistrement>
³§â€™a²ú´Ç²Ô²Ô±ð°ù
Comment citer ce contenu :
Institut canadien d’information sur la santé. Accoucher en temps de pandémie — Valerie Barrette, Annie Daigneault et Olivia Olesinski. Consulté le 11 avril 2025.

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