Au-delà des données sur les blessures auto-infligées : répondre aux appels à l’aide — Hannah Storrs et la Dre Allison Crawford
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22 min | Publié le 13 juillet 2021
La pandémie de COVID-19 a durement affecté la santé mentale de nombreuses personnes. Dans certains cas, elle a engendré des pensées d’automutilation ou de suicide. Dans cet épisode, nous discutons de la crise actuelle avec 2 travailleuses en santé mentale, qui nous donnent un aperçu du vécu des intervenants qui répondent aux appels à l’aide.
Cet épisode est disponible en anglais seulement.
Transcription
Alex:
Dans cette entrevue, il sera question de suicide et de blessures auto-infligées. Vous pouvez obtenir de l’aide à ce sujet en composant le 911 ou en contactant votre centre d’aide et d’écoute local. La situation liée à la COVID-19 évolue rapidement, si bien que les circonstances peuvent avoir changé depuis l’enregistrement de ce balado.
Bonjour, bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Je suis Alex Maheux et j’anime ce balado. Dans cette émission de l’Institut canadien d’information sur la santé, nous allons analyser les systèmes de santé du Canada avec des experts qualifiés. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur les politiques et systèmes de santé, et sur le travail effectué pour favoriser la santé des Canadiens.
Cette année, l’ICIS a publié un rapport sur les conséquences inattendues de la COVID-19 sur la santé mentale des Canadiens. Les données préliminaires révèlent que les visites aux services d’urgence et les hospitalisations en raison de blessures auto-infligées ont baissé au début de la pandémie. Nous savons cependant que la santé mentale des Canadiens s’est détériorée. Certains pourraient donc avoir trouvé de l’aide virtuelle auprès d’organismes communautaires. L’ICIS continue de recueillir des données pour mieux comprendre les incidences réelles de la COVID-19 sur la santé mentale.
En attendant, nous accueillons Hannah Storrs du centre de détresse de Calgary afin de brosser un portrait complet de la situation. Intervenante aguerrie, Hannah dirige une équipe de gestion de crise. La Dre Allison Crawford, médecin-chef du Service canadien de prévention du suicide, sera également avec nous. Hannah est aussi psychiatre au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto. Allons-y.
Bonjour Alison et Hannah. Bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Comment allez-vous?
Allison:
Très bien, merci, Alex. Je suis ravie d’être avec vous, et bonjour Hannah, je suis heureuse de vous voir.
Hannah:
Bonjour, je vais bien aussi.
Alex:
Plongeons dans le vif du sujet. L’année a évidemment été exceptionnelle et très difficile. J’aimerais vous demander comment vos vies personnelles et professionnelles ont changé au cours des 12 derniers mois. Hannah, commençons par vous.
Hannah:
Eh bien, comme tout le monde, je suis passée au mode virtuel, ce qui s’est avéré très intéressant, surtout au début, parce que tous les intervenants du centre travaillent habituellement sur place. La grande transition vers le travail à distance a pris environ 2 semaines. En raison du contexte, notre personnel a dû répondre à tous les appels à la place de nos bénévoles, qui sont normalement notre principal groupe d’intervenants au téléphone. Ce fut donc un gros changement pour notre organisme.
Nous avons dû nous adapter, par exemple à ne pas avoir d’interactions sociales au quotidien et à ne pas pouvoir prendre de nouvelles les uns des autres en personne. Il m’a donc fallu du temps pour m’habituer à interagir sur Zoom, Teams et même par courriel plus souvent que lorsqu’on pouvait juste aller voir les collègues. Beaucoup de choses ont changé. Mais c’est devenu plus facile avec le temps. Je crois que nous nous en sommes bien sortis, mais je suis quand même prête à retourner au bureau et à la vie normale. Les changements ont été nombreux, mais les améliorations aussi.
Alex:
C’est formidable. Et de votre côté, Allison?
Allison:
Oh! Je me reconnais beaucoup dans ce que dit Hannah. C’est intéressant pour certaines de mes activités. Je supervise les soins virtuels dans notre organisme, le Centre de toxicomanie et de santé mentale, et aussi au Service canadien de prévention du suicide. Ces soins existaient avant la pandémie, mais les choses ont déboulé extrêmement vite. J’offrais des soins virtuels depuis environ 10 ans, mais, comme vous l’avez dit, Hannah, nous avons dû accélérer énormément la cadence en environ 2 semaines. C’est formidable de pouvoir mettre nos compétences à profit, mais personne n’aurait pu prévoir ce remue-ménage.
En plus, je voyageais aussi beaucoup pour le travail avant la pandémie. J’ai 2 enfants. Je pense qu’ils sont très heureux que je reste à la maison, mais il m’a fallu du temps pour m’adapter au télétravail.
Alex:
Il faut encore s’adapter un peu, mais c’est formidable que vous puissiez passer plus de temps de qualité en famille. Les données et l’analyse de l’ICIS publiées plus tôt cette année révèlent une baisse considérable des visites aux services d’urgence et des hospitalisations en raison de blessures auto-infligées durant cette partie de la pandémie. Mais nous savons que la réalité comporte d’autres aspects. Hannah, j’aimerais commencer par vous. Qu’avez-vous observé durant la pandémie? Le nombre d’appels a-t-il augmenté ou diminué? Et le nombre de personnes en crise? A-t-il changé?
Hannah:
Le nombre total d’appels est resté plutôt stable depuis le début de la pandémie, ce qui est intéressant vu la baisse que vous avez mentionnée. Notre volume d’appels est donc demeuré ce qu’il était. Ce qui a changé toutefois, c’est le nombre d’appels liés au suicide. Entre avril 2020 et avril 2021, ce type d’appel a augmenté de 68 %.
Les gens demandent de plus en plus d’aide pour cette raison, mais le nombre total d’appels n’a pas changé. Nous observons une énorme hausse des appels liés au suicide, ainsi que des appels liés à la santé mentale, par exemple pour des problèmes d’anxiété, d’isolement et d’humeur dépressive. La colère est aussi beaucoup plus présente qu’avant. Les gens traversent vraiment beaucoup d’épreuves. Ils n’ont parfois nulle part où décharger cette colère.
Il arrive donc que notre personnel et nos bénévoles la reçoivent. La colère des gens est compréhensible; la dernière année a été si éprouvante. Notre équipe a beaucoup appris de cette nouvelle réalité, car nous ne l’avions jamais vécue à ce point. Nous avons formé nos bénévoles en conséquence pour qu’ils puissent aider les appelants qui sont dans cet état. Les gens vivent également des difficultés financières, et ils ne peuvent plus compter sur leur soutien social et certaines activités qui les aidaient personnellement avant la pandémie.
Allison:
Nous savons que les gens vivent plus de négativité. Des études montrent une hausse des émotions négatives. Mais le fait d’être là pour eux, de les écouter et de les aider à transformer et à gérer ces émotions est un point vraiment positif. Un collègue dit qu’il s’agit d’arrêter l’hémorragie émotionnelle en aidant les gens à trouver un sens à ce qui leur arrive, ce qui est important pour nous tous, je crois. Qui aurait cru qu’une pandémie nous affecterait pendant près de 2 ans? C’est une épreuve sans précédent.
Alex:
Je ne peux imaginer la difficulté d’aider les autres à gérer leurs émotions en plus de gérer les vôtres.
Hannah:
C’est sans aucun doute un défi intéressant. Au début de la pandémie, nous avions tellement d’espoir. Nous avons traversé assez facilement la première vague, puis beaucoup de bonnes choses se sont passées durant l’été. Les difficultés réelles sont apparues lors des deuxième et troisième vagues, en particulier sur le plan émotionnel. Nous avons commencé à nous sentir vraiment affectés et à nous demander comment nous pouvions continuer d’aider les autres. Je crois qu’il est fondamental de prendre soin de soi d’abord et avant tout.
L’épuisement professionnel nous guette, et il est beaucoup plus facile de le prévenir que de le guérir. Nous faisons notre possible pour soutenir les membres de notre équipe qui répondent aux appels. Nous leur accordons le temps nécessaire pour prendre soin d’eux lorsqu’ils en ont besoin.
Il est inutile de se forcer à continuer de faire quelque chose que l’on ne se sent pas vraiment capable de faire. C’est néfaste à long terme. La personne qui fait cela n’aidera pas celle qui l’appelle. C’est une des grandes leçons que nous avons apprises : prendre soin de nous avant tout.
Alex:
Oui, il est absolument nécessaire de prendre soin de soi. Allison, quel est votre avis sur la question?
Allison:
Je crois qu’il peut être intéressant de savoir comment les systèmes s’imbriquent. Hannah travaille dans un très grand centre d’aide et d’écoute, le centre de détresse de Calgary, qui fait partie du réseau du Service canadien de prévention du suicide. Évidemment, le Service canadien de prévention du suicide a été créé pour les personnes qui ont des pensées suicidaires ou qui vivent de la détresse. Je crois que nous avons vécu ce que Hannah décrit, mais avec une hausse du nombre d’appels parce que nous nous concentrons sur le problème du suicide. Le nombre d’appels est environ 3 fois plus élevé qu’avant.
Un peu comme au centre de détresse de Calgary, les gens qui nous appellent vivent beaucoup d’anxiété, d’inquiétude et de détresse en raison de la pandémie. Le contenu des discussions a certainement changé, mais nous n’avons pas nécessairement observé une grande augmentation de la gravité des cas. Seul le nombre d’appels a changé.
Donc, le nombre de gens qui demandent de l’aide a augmenté, ce qui démontre que les données sur les visites aux services d’urgence et les hospitalisations ne révèlent pas toute la réalité. Peut-être que la détresse n’a pas augmenté, mais que les gens ont changé leurs manières de la gérer. Ils ne se présentent plus aux services d’urgence et ne sont plus admis à l’hôpital pour cette raison. Mais nous voyons bien que les gens en détresse s’adressent à nous.
Alex:
Tout à fait. Donc, les gens ne demandent plus de l’aide aux mêmes endroits. Hannah, j’aimerais que vous me disiez comment se passe l’appel d’une personne en crise? Comment gérez-vous les problèmes au téléphone?
Hannah:
On ne sait jamais à quoi s’attendre quand on répond à un appel, surtout dans un centre de détresse. Les cas varient énormément. Il faut garder l’esprit très ouvert pour comprendre la situation, l’histoire de la personne et les motifs de son appel. Pour aider une personne, explorer vraiment ses problèmes, il faut surtout l’écouter, c’est aussi simple que cela.
Nous essayons d’offrir du soutien à chaque personne et de normaliser ses émotions. La pandémie nous fait tous vivre toutes sortes d’épreuves difficiles. Beaucoup de gens veulent simplement savoir s’il est normal de se sentir comme ils se sentent et de vivre ce qu’ils vivent. C’est vraiment l’essentiel de nos activités, même avec nos bénévoles.
Nous faisons bien sûr une évaluation des risques de suicide et ce genre de choses à chaque appel, mais, essentiellement, notre rôle est simplement d’être à l’écoute de la personne à ce moment-là et de respecter ce qu’elle vit. Il faut comprendre qu’une crise est une crise, peu importe sa nature. Notre mission est seulement d’être là quand les gens en ont besoin.
Alex:
Très bien. Allison, vous avez consacré une part importante de votre carrière à faire évoluer les services de santé mentale grâce à l’accès aux technologies de santé numériques. Vous avez dit un peu plus tôt que la pandémie avait peut-être accéléré ces progrès. Quelles en ont été les incidences sur votre travail? La pandémie a-t-elle révélé des lacunes ou des occasions à saisir que vous n’aviez pas vues auparavant?
Allison:
Oh, absolument! En fait, nous étions conscients des lacunes ou des iniquités révélées par la pandémie, mais la situation les a vraiment accentuées. Elle a creusé le fossé pour beaucoup de gens. Par exemple, bon nombre de nos principaux services de santé, notamment en santé mentale, ont été maintenus de façon virtuelle pendant la pandémie, mais les gens qui n’avaient pas accès à Internet, à la technologie nécessaire ou à un lieu privé n’ont pas vraiment pu profiter de ces soins de santé.
Nous savons maintenant que c’est l’une des façons dont les iniquités sociales se transforment en iniquités en santé. Nous l’avons vu de nos propres yeux durant la pandémie, et les cas ont été nombreux. En plus des iniquités liées aux soins virtuels, les membres de certaines communautés étaient plus susceptibles de contracter la COVID-19, par exemple les travailleurs en contact avec les malades. Nous avons observé tellement d’iniquités.
Je crois que les soins virtuels et numériques recèlent encore beaucoup de potentiel, en particulier pour répondre à la détresse qui touche maintenant l’ensemble de la population. Les gens en détresse n’ont pas forcément des problèmes de santé mentale ou des troubles psychiatriques. Ils ont besoin d’aide, mais nous ne pouvons tous les voir en tête-à -tête. C’est pourquoi je crois que les outils numériques ont encore beaucoup de potentiel. Toutefois, nous devons vraiment prendre conscience des iniquités et commencer à les corriger.
Alex:
Bien. Vous avez parlé des consultations en tête-à -tête. J’aimerais savoir ce qu’en pense Hannah. L’ICIS observe la situation à distance. Il étudie les tendances nationales et surveille l’évolution des chiffres. Mais, Hannah, en tant que chef d’équipe du centre de détresse de Calgary, vous êtes témoin de ce qui se passe sur le terrain. Qu’aimeriez-vous que les décideurs ou les dirigeants du milieu de la santé sachent au sujet de la situation actuelle?
Hannah:
J’aimerais simplement qu’ils sachent que les gens demandent du soutien et en ont besoin. Nous offrons beaucoup de services, mais pas assez pour répondre à la demande. Tout le monde n’a pas accès à des soins assez rapidement. C’est vraiment important de savoir que les gens demandent de l’aide et que nous voulons qu’ils le fassent. Mais nous devons aussi être en mesure de leur offrir l’aide dont ils ont besoin.
Alex:
Absolument. Vous avez toutes 2 vécu une année très difficile. Allison, comment remontez-vous le moral de vos troupes durant cette période éprouvante?
Allison:
Je remonte le moral de mon équipe, mais elle me donne de l’énergie en retour. Nous avons continué de nous réunir virtuellement et avons vraiment essayé d’avoir des activités sociales et de renforcement d’équipe durant la pandémie. Je dois reconnaître que je suis très chanceuse de travailler au sein d’une équipe non seulement dévouée, mais aussi pleine de compassion et axée sur la collaboration. Cette équipe merveilleuse me facilite la tâche. Je crois que l’expérience de la pandémie a vraiment renforcé notre esprit d’équipe.
Cela ne nous a pas empêchés de vivre chacun à notre tour des moments difficiles, par exemple en raison de l’isolement et de la frustration. Nous avons aussi travaillé plus que jamais. Mais nous essayons de faire attention les uns aux autres, et tout s’est assez bien déroulé. Notre équipe est demeurée soudée.
Alex:
C’est formidable d’entendre que les membres de votre équipe ont continué de se soutenir autant. Et de votre côté, Hannah? Comment gardez-vous le moral? Et comment rehaussez-vous le moral de votre équipe actuellement?
Hannah:
J’aime tout ce qu’Allison a dit, surtout au sujet des liens à maintenir entre les membres de l’équipe. L’une des principales leçons que nous avons tirées, et ce qui a vraiment fonctionné pour nous, a été de nous assurer que les personnes qui travaillent en première ligne, celles qui répondent aux appels, et même les membres du personnel à vrai dire, prennent d’abord soin d’eux.
Nous ne pouvons faire ce travail avec efficacité si nous ne prenons pas soin de nous en premier. Je crois que ce principe a vraiment aidé les membres de notre équipe à comprendre qu’ils ont de l’importance et que ce qu’ils vivent est tout aussi important. Nous devons prendre soin des membres de notre équipe autant que nous prenons soin des personnes qui nous appellent.
Allison:
C’est tellement vrai. Désolée, Alex, je voulais simplement dire que c’est un secteur où les bénévoles comptent beaucoup. Certains services ne pourraient pas être offerts sans eux, et c’est chouette, car cela montre la volonté des membres de la collectivité de s’entraider. C’est une force et cela illustre vraiment la résilience à l’échelle communautaire, mais je suis totalement d’accord avec ce que dit Hannah.
L’une des choses que nous avons faites en matière d’éducation a été de nous demander de quelle aide les répondants des lignes de détresse ont besoin et quelles étaient les pratiques exemplaires en la matière. Il faut reconnaître que les répondants en santé mentale peuvent être affectés par leur travail. C’est un travail intense, encore plus dans la situation présente. Notre organisme veut donc offrir l’éducation, les ressources et le soutien nécessaires, parce que je suis d’accord avec ce que dit Hannah : il faut d’abord prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres.
Alex:
Bien. Je ne peux m’empêcher de remarquer que vous avez toutes les 2 parlé du soutien que vous offrez à vos équipes, mais comment prenez-vous soin de vous personnellement?
Allison:
Est-ce que je peux dire « par le travail »?
Alex:
Non, vous ne pouvez pas!
Allison:
Moi j’ai réalisé très rapidement l’importance de faire de l’exercice physique. Je passais trop de temps immobile en télétravail. Bouger a tout changé. Mon équipe et moi faisons nos réunions en marchant. Je pratique aussi davantage la pleine conscience et la méditation. Cela m’a énormément aidée. Et je lis beaucoup.
Alex:
Vous nous ferez vos recommandations de lecture. Et de votre côté, Hannah?
Hannah:
J’utilise une nouvelle pratique que nous a proposée notre directrice administrative, Geralynn. Elle est fondée sur le cycle du stress et le besoin de faire une coupure entre le travail et la vie personnelle, ce qui n’est pas toujours le cas quand, après le travail, on se met immédiatement à préparer le souper et à faire d’autres tâches. Je me rends compte que si je ne fais pas cette coupure, je n’arrive pas à m’endormir et je rumine.
Je fais donc quelques gestes en fin de journée pour mettre mon travail de côté. Par exemple, je sirote une tisane avant d’aller au lit, et je consacre beaucoup de temps à prendre soin de ma peau, simplement pour prendre du temps pour moi. Lire me permet aussi de me distraire du travail et de bien terminer la journée.
Bien sûr, le soutien est extrêmement important. J’ai besoin de côtoyer régulièrement des gens, ce qui est vraiment difficile actuellement. J’ai dû m’adapter beaucoup sur ce plan, avec la famille, les amis, etc. J’essaie encore de trouver des solutions, mais tout est certainement plus facile qu’au début de la pandémie.
Alex:
Bien, je suis heureuse d’entendre que vous prenez le temps de prendre soin de vous. Je ne peux m’imaginer à quel point ce doit être difficile de travailler dans votre secteur à l’heure actuelle.
Allison:
J’aimerais souligner que les pratiques de Hannah sont exemplaires. C’est ce que je vais viser maintenant moi aussi.
Alex:
Je crois que nous apprenons toutes un peu les unes des autres aujourd’hui. La troisième vague tire à sa fin, les gens se font vacciner. Avec un peu de chance, nous pourrons retrouver une vie normale. Qu’espérez-vous tirer de cette pandémie? Quels sont ses effets espérés sur votre travail?
Hannah:
Je veux vraiment souligner l’importance de la santé mentale, des interactions sociales et du soutien social. Évidemment, nous le savions déjà , mais nous l’avons vu à une échelle nettement plus grande. Nous en parlons beaucoup plus qu’avant. J’aimerais que cette discussion se poursuive.
J’aimerais que les gens restent à l’aise de nous contacter après la pandémie. La vie est stressante. Pandémie ou pas, nous vivons des difficultés. On ne devrait jamais se sentir mal de demander de l’aide. J’aimerais vraiment que nous tirions cette leçon de la pandémie.
Allison:
Oui, je suis d’accord. J’aimerais que la conversation sur les services publics de santé mentale se poursuive. Évidemment, en temps de pandémie, nous avons la santé publique et la vaccination, mais il est important de ne pas négliger la santé mentale de l’ensemble de la population. J’espère que nous continuerons d’en parler, comme nous parlons à l’ICIS aujourd’hui.
J’espère aussi que nous porterons une attention accrue aux données, parce que Paul Kurdyak et Scott Patten viennent tout juste de publier un excellent article dans La revue canadienne de psychiatrie sur la façon de planifier les services. Actuellement, nous savons que le nombre d’appels a augmenté dans les centres de détresse. Mais cet article dit que le taux de suicide n’a pas augmenté. Par contre, il révèle une variation du nombre de patients qui se présentent dans les services d’urgence avec des blessures auto-infligées.
Nous sommes très loin d’être capables de planifier nos services de santé en nous fondant entièrement sur des données actuelles, et pas seulement à l’échelle de la population. Où les gens se présentent-ils pour obtenir des soins? Comment se présentent-ils? Les soins qu’ils reçoivent sont-ils efficaces? Pouvons-nous vraiment lutter contre les problèmes de santé mentale à l’échelle de la population? J’espère que nous continuerons de progresser en planifiant les soins de santé à partir de données de qualité. Je sais que c’est un peu ennuyeux, mais je crois que c’est super important.
Alex:
Absolument. Je crois qu’il est aussi important d’avoir des conversations comme celle d’aujourd’hui pour mettre les données en contexte. Je vous remercie pour votre force, votre courage, et pour nous avoir aidés à comprendre cet enjeu si important. J’espère que nous nous reparlerons bientôt.
Allison:
Merci beaucoup de m’avoir reçue.
Hannah:
Merci.
Alex:
Merci à nos auditeurs. Nous espérons que cet épisode vous a plu. Revenez la prochaine fois, car nous continuerons à vous présenter des points de vue utiles et à décortiquer des sujets liés à la santé qui vous intéressent.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’ICIS, visitez notre site Web, icis.ca, i-c-i-s point c-a. Si vous avez apprécié notre discussion d’aujourd’hui, abonnez-vous à notre balado, laissez-nous un commentaire et suivez-nous sur les réseaux sociaux.
Cet épisode a été produit par Jonathan Kuehlein, avec l’aide d’Amie Chant, Marisa Duncan, Shraddha Sankhe et Ramon Syyap à la recherche. Ici, Alex Maheux. Merci de suivre le Balado d’information sur la santé au Canada. À la prochaine!
<Fin de l’enregistrement>
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Comment citer ce contenu :
Institut canadien d’information sur la santé. Au-delà des données sur les blessures auto-infligées : répondre aux appels à l’aide — Hannah Storrs et la Dre Allison Crawford. Consulté le 7 avril 2025.

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