Une analyse de l’équité révèle les populations les plus à risque de subir une amputation liée au diabète
Au Canada, plus de 3 000 amputations de la jambe sont pratiquées chaque année chez des personnes atteintes de diabète. Jusqu’à 85 % de ces amputations pourraient être évitées grâce à une meilleure prévention et à un accès à des interventions cliniques et à des soins appropriés.
Le dernier rapport de l’ICIS, Équité des soins du diabète, explore en profondeur les statistiques sur ces amputations sous l’angle de l’équité au moyen de données sociodémographiques. Selon ce rapport, les amputations de la jambe en raison de complications liées au diabète sont
- 3 fois plus élevées dans les quartiers au revenu le plus faible
- 4 fois plus élevé dans les quartiers au taux d’achèvement des études secondaires le plus faible
Les données du rapport reflètent ce que les cliniciens au Canada constatent lorsqu’ils traitent des patients atteints de diabète : des inégalités flagrantes ont une incidence considérable sur la probabilité qu’une personne perde une jambe en raison de complications liées au diabète.
Il y a donc lieu de se poser la question suivante : comment les systèmes de santé peuvent-ils utiliser les données pour mieux diriger les ressources et cibler les interventions vers les collectivités et groupes à risque élevé?
Utiliser des données sociodémographiques pour orienter les efforts d’amélioration des systèmes de santé
Les cliniciens qui travaillent avec des patients atteints de diabète ont souligné que les données habituellement déclarées, comme les nombres totaux et les taux globaux, ne sont qu’une pièce du casse-tête. En utilisant des données fragmentées pour cerner les différences dans les soins et les résultats pour les divers groupes sociodémographiques (p. ex. ceux définis par le niveau de revenus, le genre ou d’autres facteurs), on peut déterminer quels patients ont besoin d’un accès à de meilleurs soins. Ce type d’analyse de l’équité permet de mieux adapter les programmes et les services afin qu’ils soient plus utiles.
« Parmi les complications liées au diabète, les amputations font partie de celles avec le plus grand degré d’inégalités. Nous voyons parfois des personnes au revenu élevé atteintes de diabète qui font une crise cardiaque, mais c’est rare qu’elles viennent pour une amputation », indique le Dr Baiju Shah, endocrinologue, Sunnybrook ºìÁì½í¹Ï±¨ Sciences Centre. « C’est pour ce genre de complication que l’on constate l’incidence considérable des déterminants sociaux de la santé ».
Quand il s’agit de dispenser des soins médicaux pour des ulcères ou une gangrène du pied qui peuvent mener à l’amputation, « le temps, c’est des tissus », comme l’indique l’expression anglaise « time is tissue ». Il est important que les patients reçoivent des soins préventifs et proactifs dès les premiers signes de problèmes de pied.
S’y retrouver dans un système de santé fragmenté
Les cliniciens ont révélé que le continuum des soins fragmenté est un obstacle pour les patients qui essaient d’accéder rapidement à des soins des plaies appropriés. La situation est particulièrement difficile pour les personnes qui vivent dans des zones défavorisées et dont la situation peut augmenter les obstacles à l’accès aux soins de première ligne ou à d’autres services. Les cliniciens estiment qu’il s’agit d’un facteur contributif lié à l’augmentation des taux d’amputation dans ces collectivités, comme le souligne le rapport de l’ICIS.
« Lorsqu’il est question de problèmes du pied diabétique, aucune profession ne dispose de toutes les compétences, connaissances et capacités nécessaires », indique Tom Weisz, podologue et podiatre à la retraite. Il souligne qu’il est déjà difficile pour les patients de s’y retrouver dans les systèmes de santé, mais que c’est encore plus difficile quand certains cliniciens spécialisés en soins et prévention des plaies, comme les podiatres, pratiquent leur profession en dehors des systèmes de santé financés par le secteur public au Canada.
Selon M. Weisz, en ce qui concerne l’accès, les patients ne connaissent pas toujours ce type de soins spécialisés et ils cherchent donc plutôt à obtenir des soins dans des endroits comme les services d’urgence. Pour ce qui est des coûts, bon nombre de patients n’ont pas les moyens de payer de leur poche les soins des plaies. En conséquence, les systèmes de santé finissent par dépenser des millions de dollars pour les chirurgies et les suivis pour un problème qui, en théorie, aurait pu et dû être évité.
Prioriser l’accès rapide aux soins pour un ulcère au pied
Selon le Dr Shah, les dirigeants des systèmes de santé ont déterminé que la priorité devait être accordée à l’accès rapide et approprié aux soins pour un ulcère au pied. Des mesures sont prises pour améliorer la coordination des soins et les rendre plus accessibles. Même si un modèle normalisé doit encore être mis en place pour éviter que les gens passent entre les mailles du filet, la situation s’améliore.
« Par exemple, à Sunnybrook, des cliniciens qui ont à cœur d’éviter les amputations en raison de complications liées au diabète ont mis en place une clinique de soins des plaies pour les patients atteints d’un ulcère au pied », explique le Dr Shah. « Ces patients ont accès à un coordonnateur des soins et à une équipe multidisciplinaire de soins ».
Le Dr Shah croit que plus d’hôpitaux pourraient créer des cliniques similaires et les intégrer dans leurs modèles d’équipe de soins de santé, ce qui permettra d’améliorer les services de soins de première ligne, ainsi que les services hospitaliers et communautaires et, à terme, de fournir de meilleurs soins centrés sur le patient à plus de personnes.
À propos du rapport de l’ICIS Équité des soins du diabète
En analysant les données sous l’angle de l’équité, le rapport de l’ICIS Équité des soins du diabète fournit de l’information plus approfondie sur la façon dont certaines populations sont touchées par le diabète que si l’on ne prenait en compte que les données générales. Ce type d’analyse, qui utilise des données sociodémographiques, est un outil important que les responsables des politiques peuvent utiliser lorsqu’ils cherchent des solutions pour améliorer la qualité de vie des patients, tout en rendant les systèmes de santé plus efficaces.
Nous remercions , endocrinologue, Sunnybrook ºìÁì½í¹Ï±¨ Sciences Centre, et , patient partenaire d’Action diabète Canada, podologue et podiatre à la retraite, et ancien technicien en travail social, pour leur temps et leurs contributions à cet article et au rapport de l’ICIS Équité des soins du diabète.
Comment citer ce contenu :
Institut canadien d’information sur la santé. Une analyse de l’équité révèle les populations les plus à risque de subir une amputation liée au diabète. Consulté le 22 décembre 2024.
Si vous souhaitez consulter l’information de l’ICIS dans un format différent, visitez notre page sur l’accessibilité.