Tendances des dépenses nationales de santé, 2024 — analyse éclair
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7 novembre 2024 — La 28e édition de cette publication annuelle présente un sommaire des principales constatations tirées de la Base de données sur les dépenses nationales de santé (BDDNS) de l’ICIS concernant la croissance économique, les points à surveiller et les comparaisons internationales. L’édition de cette année comprend les dépenses de santé réelles finalisées de 2022 et les estimations préliminairesNote de bas de pagei pour 2023 et 2024. Les prévisions relatives aux tendances des dépenses nationales de santé s’appuient sur les budgets principaux des dépenses et les budgets pour le secteur public.
Les dépenses totales de santé devraient atteindre 372 milliards de dollars en 2024
- Au Canada, les dépenses totales de santé devraient atteindre 372 milliards de dollars, soit 9 054 $ par habitant.
- Les dépenses totales de santé ont augmenté de 1,7 % en 2022 et de 4,5 % en 2023, et devraient s’accroître de 5,7 % en 2024. Le taux de croissance en 2024 est comparable à celui observé entre 2008 et 2010, une période où les dépenses de soins de santé ont augmenté de 5,9 % par an en moyenne. Le taux de croissance de 2024 est également supérieur à la moyenne annuelle de 2011 à 2019, alors que les dépenses de santé avaient augmenté de 3,9 % par an.
- La croissance plus élevée des dépenses de soins de santé pourrait se maintenir en raison, en partie, de l’augmentation récente et rapide de la population. De plus, la conjoncture économique globale peut avoir une incidence sur les prix du secteur de la santé à mesure que de nouvelles ententes sont négociées avec les dispensateurs.
- Les soins de santé demeurent une priorité stratégique des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. En 2023, le gouvernement fédéral a conclu avec les provinces et les territoires une nouvelle entente qui prévoit un financement supplémentaire de 196,1 milliards de dollars sur 10 ans pour la santé.
Dépenses soutenues pour les services hospitaliers et les services offerts par des médecins
Les dépenses hospitalières, qui représentent la part la plus importante des dépenses de soins de santé, devraient progresser de 6,1 % et correspondre à 26 % des dépenses totales de santé en 2024.
Selon les données de 2022-2023 de la Base de données canadienne SIG — qui contient des données financières et statistiques sur les opérations quotidiennes des hôpitaux publics, d’autres établissements de santé et des autorités sanitaires régionales au Canada —, la rémunération des employés constitue la plus grande dépense des hôpitaux canadiens. En moyenne, la rémunération des employés représente environ les deux tiers des dépenses totales des hôpitaux. En 2022-2023, la rémunération globale des employés a atteint 45 milliards de dollars, en hausse de 6,7 % sur un an, les dépenses relatives aux heures supplémentaires, aux congés de maladie et au personnel d’agences privées ayant été plus élevées en raison de la pandémie de COVID-19. Cette croissance a entraîné une hausse d’environ 9 000 équivalents temps plein (ETPNote de bas de pageii). Plus de 1 milliard de dollars ont été dépensés en heures supplémentaires en 2022-2023, une augmentation de 21 % par rapport à l’année précédente. Les dépenses liées aux congés de maladie ont également augmenté, dépassant 700 millions de dollars, soit 12 % de plus que l’année précédente. En 2022-2023, les dépenses relatives à l’utilisation de personnel d’agences privées ont atteint 1,4 milliard de dollars, une augmentation de 54 % par rapport à 2021-2022.
Des facteurs liés à l’effectif et à la demande sous-tendent la croissance des dépenses des hôpitaux. Ces derniers doivent composer avec une demande soutenue liée au vieillissement et à la croissance de la population en s’appuyant sur leur infrastructure existante. Statistique Canada a fait état d’une augmentation record de la population de 1,3 million de personnes (3,2 %) en 2023, la plus élevée depuis 1957. Comme l’ICIS l’a relevé dans son rapport intitulé État de la main-d’œuvre de la santé au Canada, 2022, la hausse soudaine du nombre de postes vacants dans le secteur de la santé pourrait continuer d’exercer une pression à la hausse sur les frais de personnel.
Les dépenses liées aux médecins compteront pour 13 % des dépenses totales de santé en 2024. Celles-ci ont bondi de 8,7 % en 2022 et de 7,5 % en 2023, ce qui s’explique en partie par la reprise de la demande après la pandémie. Les dépenses liées aux médecins devraient augmenter de 4,4 % en 2024.
Selon le rapport de l’ICIS intitulé Profil des médecins au Canada, 2023, le nombre de médecins continue d’augmenter, et l’on s’attend à une hausse soutenue des besoins liés aux services qu’ils offrent. À l’avenir, ces deux facteurs contribueront à l’augmentation des dépenses liées aux médecins.
Les dépenses liées aux médicaments devraient augmenter de 3,8 % en 2024. Le remplacement des médicaments de marque par des génériques continue d’avoir un effet modérateur sur la croissance des dépenses en médicaments. Toutefois, les nouveaux médicaments spécialisés en cours de développement pourraient constituer un facteur plus important à l’avenir. Par exemple, les analogues des agonistes des récepteurs du peptide-1 apparenté au glucagon (GLP - 1), qui servent à traiter le diabète et l’obésité, ont été au cœur de la hausse des dépenses.
La hausse des dépenses de soins de santé devrait être supérieure à la croissance de l’économie dans son ensemble
Depuis longtemps, au Canada, les dépenses de soins de santé ont progressé au même rythme ou plus rapidement que l’économie dans son ensemble. Au cours des 2 dernières années, les dépenses totales de santé ont crû plus rapidement que l’économie, faisant augmenter le ratio des dépenses de santé par rapport au PIB. En 2024, les dépenses de soins de santé devraient augmenter de 5,7 % alors que la croissance économiqueNote de bas de pageiii devrait atteindre 3,7 %. Ainsi, on estime que les dépenses totales de santé représentent 12,4 % du PIB du Canada. En omettant les années de la pandémie (2020 et 2021), il s’agit du ratio le plus élevé jamais atteint.
Les engagements de dépenses annoncés par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux arrivent à un moment où la croissance économique du Canada devrait ralentir. Par conséquent, la croissance des dépenses de soins de santé pourrait dépasser la croissance économique au cours des prochaines années. Cela serait comparable à la période de 2000 à 2009, alors que le ratio des dépenses de santé par rapport au PIB était passé de 8,9 % à 11,6 %.
Le Canada affiche une part de dépenses du secteur privé parmi les plus élevées
Le Canada se situe au-dessus de la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en ce qui concerne les dépenses de soins de santé par personne. Sur les 38 pays que comptait l’OCDE en 2022 (la dernière année pour laquelle des données comparables sont disponibles), les États-Unis affichaient une fois encore les dépenses de soins de santé par personne les plus élevées (15 113 $ CA). Au Canada, les dépenses de soins de santé par personne se chiffraient à 8 119 $ CA par personne et comptaient parmi les plus élevées à l’échelle internationale, derrière la Suède (8 314 $ CA) et la France (8 212 $ CA), mais devant l’Australie (8 073 $ CA) et la Nouvelle-Zélande (7 463 $ CA).
En 2022, au Canada, la part des dépenses de soins de santé de source privée s’élevait à 28,8 %, dépassant la moyenne de l’OCDE (25,3 %) et plaçant le Canada dans le quart supérieur des pays de l’OCDE. Les dépenses du secteur privé se composent principalement des dépenses directes des ménages et des paiements volontaires d’assurance maladie. Comparé à des pays similaires de l’OCDE, le Canada se classe devant l’Allemagne (13,3 %), la France (15,3 %) et la Nouvelle-Zélande (19,2 %).
La répartition des dépenses de soins de santé entre les secteurs public et privé a été stable de 1999 à 2019, la part du secteur privé restant étant d’environ 30 %. La part des dépenses privées a chuté en 2020 en raison de l’augmentation des dépenses publiques visant à répondre à la pandémie de COVID-19 et revient aux niveaux antérieurs à la pandémie.
Points à surveiller
Depuis la pandémie, les systèmes de santé du Canada continuent d’évoluer. Plusieurs facteurs émergents pourraient avoir une incidence sur les dépenses de santé à l’avenir.
- Changement dans les politiques du gouvernement : Le gouvernement fédéral a introduit le Régime canadien de soins dentaires (RCSD) et le projet de loi C-64 (Loi concernant l’assurance médicaments). Le RCSD vise à fournir une assurance dentaire aux Canadiens non assurés qui répondent à certains critères. La Loi concernant l’assurance médicament vise à subventionner le coût de certains produits destinés à la contraception ou au traitement du diabète (en vue de créer un programme national d’assurance médicament public). Ces politiques ont pour but de couvrir les dépenses médicales personnelles des Canadiens. Elles pourraient s’appliquer aux dépenses totales de santé, puisque davantage de patients, qui évitaient auparavant ces services en raison de leur coût, pourraient commencer à les utiliser. Ces politiques pourraient aussi changer la composition des dépenses, qui seraient couvertes par le régime public au lieu de provenir de paiements personnels.
- Élargissement des soins de santé financés par l’État et dispensés par le secteur privé : Les provinces et les territoires financent de plus en plus d’interventions chirurgicales dans des cliniques privées. Bien que ces services soient financés par les pouvoirs publics, cela pourrait avoir des répercussions sur la répartition des dépenses entre les secteurs public et privé.
- Dépenses du secteur privé : Les dépenses totales de santé du secteur privé devraient augmenter de 6,2 % en 2023 et de 6,1 % en 2024. La croissance pourrait se poursuivre en raison de l’augmentation de la demande de biens et de services de soins de santé provenant du secteur privé, notamment en ce qui concerne les médicaments prescrits, les soins dentaires et de la vue et les services à domicile.
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Notes de bas de page
i.
Les estimations préliminaires pourraient faire l’objet de révisions lorsque les données réelles seront disponibles.
ii.
Les ETP correspondent à la somme des heures rémunérées déclarées (heures normales et supplémentaires travaillées), divisée par 1 950 (1 957,5 pour les années bissextiles), soit le nombre présumé d’heures rémunérées normales pour un ETP au cours d’un exercice financier donné.
iii.
Fait référence au PIB nominal aux prix courants, non corrigé en fonction de l’inflation.
Comment citer ce contenu :
Institut canadien d’information sur la santé. Tendances des dépenses nationales de santé, 2024 — analyse éclair. Consulté le 6 avril 2025.

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