Les amputations témoignent de la possibilité d’améliorer les soins du diabète et de réduire les coûts pour les systèmes de santé
Le 26 septembre 2024 — Les amputations du membre inférieur sont des complications à long terme possibles du diabète. Elles peuvent généralement être évitées grâce à une prévention et à une gestion efficaces de la maladie, ce qui comprend le respect des lignes directrices en matière de soins cliniques et la détection précoce des infections et ulcères du pied diabétique. ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð1 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð2
Les besoins non satisfaits en matière de soins peuvent mener à l’amputation
Environ 3,7 millions de personnes (9,4 %) avaient reçu un diagnostic de diabète au Canada en 2020-2021, et au moins 2 % des adultes sont atteints de diabète non diagnostiqué¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð3. Le nombre total de personnes diabétiques augmente en raison du vieillissement de la population et de l’incidence accrue de la maladie¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð4.
Le risque qu’une personne atteinte de diabète développe un ulcère du pied au cours de sa vie est d’environ 15 à 25 %¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð5. Ainsi, on estime que 550 000 à 920 000 Canadiens diabétiques seront, dans une certaine mesure, victimes d’une complication touchant le pied au cours de leur vie, ce qui nécessitera des services spécialisés et augmentera les risques d’amputation du membre inférieur si leurs besoins en matière de soins ne sont pas satisfaits¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð5.
Parmi les conséquences possibles d’une amputation du membre inférieur figurent la perte fonctionnelle, la qualité de vie réduite, la dépression et un risque élevé de décès prématuré¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð6 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð7. Les amputations sont coûteuses pour les systèmes de santé et démontrent la possibilité d’améliorer la prestation des services et de réduire les risques de complications du diabète¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð8.
Trajectoire d’une personne diabétique jusqu’à amputation
Texte de remplacement
La trajectoire commence lorsque le diabète n’est pas diagnostiqué comme il le devrait ou lorsque les objectifs de soins ne sont pas atteints faute de services de soins de santé conformes aux lignes directrices et d’autogestion de la maladie. La glycémie, la cholestérolémie et la tension artérielle augmentent. Le tabagisme élève aussi les risques. Ces problèmes de santé peuvent porter atteinte aux nerfs (neuropathie) et réduire le débit sanguin dans les jambes et les pieds (maladie artérielle périphérique, ou MAP). La neuropathie entraîne une perte de sensation et une incapacité à détecter les coupures et autres blessures, tandis que la MAP nuit à la guérison. Sans soins appropriés et rapides, les callosités ou petites coupures au pied ou au bas des jambes peuvent devenir des ulcères douloureux, causer une gangrène (mort des tissus) ou s’infecter. Ces problèmes sont souvent récurrents et requièrent un accès rapide à des chaussures et services spécialisés. Si les besoins en matière de soins ne sont pas satisfaits, elles peuvent mener à l’amputation. Une fois qu’une complication touchant le membre inférieur survient (p. ex. un ulcère ou une amputation), le risque de récurrence est très élevé et le besoin de services spécialisés est constant.
Sources
Armstrong DG, et al. . Journal of Foot and Ankle Research. 2020.
Botros M, et al.; Wounds Canada. . In: Foundations of Best Practice for Skin and Wound Management. A supplement of Wound Care Canada. 2017.
de Mestral, et al. . JAMA Network Open. 2022.
International Working Group on the Diabetic Foot (IWGDF). . 2023
Environ 7 720 amputations par année sont liées au diabète
Selon les données de 2020-2021 à 2022-2023, environ 7 720 amputations du membre inférieur liées au diabète ont été effectuées chaque année chez les Canadiens de 18 ans et plus. De ce nombre, 3 080 hospitalisations étaient attribuables à une amputation de la jambe (c.-à -d. au-dessus de la cheville, ou amputation majeure), et 4 640 à une amputation de la cheville, du pied ou de l’orteil (c.-à -d. sous la cheville, ou amputation mineure) qui ne visait pas la jambe complète. Aux fins de la présente analyse, chaque hospitalisation a été associée à un seul résultat, selon la gravité.
Les amputations de la jambe sont considérées comme les amputations du membre inférieur les plus graves et sont utilisées au Canada et ailleurs dans le monde pour surveiller la qualité des soins du diabète et produire des rapports à ce sujet dans les systèmes de santé¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð9 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð10 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð11 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð12 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð13. De nombreuses études indiquent que jusqu’à 85 % des amputations de la jambe pourraient être évitées¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð2 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð5.
Les amputations de la cheville, du pied et de l’orteil liées au diabète constituent également des conséquences indésirables et évitables des besoins non satisfaits en matière de soins de santé; elles précèdent ou accompagnent souvent l’amputation de la jambe. Dans certaines provinces et certains
territoires, le taux d’amputations sous la cheville a augmenté, ce qui peut refléter des changements dans les pratiques chirurgicales et les efforts faits pour préserver le membre (c.-à -d. effectuer une amputation du pied ou de l’orteil afin de prévenir une amputation de la jambe)¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð14 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð15 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð16.
Les patients ont d’autres problèmes de santé
Parmi les personnes amputées, 86 % avaient reçu un diagnostic de diabète et un diagnostic de maladie artérielle périphérique (MAP). La combinaison du diabète et de la MAP augmente les risques d’amputation¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð14 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð15. Le diabète était aussi parfois accompagné d’hypertension (39 % des amputations), d’une maladie rénale chronique (7 %) ou de la maladie pulmonaire obstructive chronique (4 %). Pour en savoir plus sur les caractéristiques des patients ainsi que sur les taux bruts et normalisés selon l’âge, consultez les tableaux de données accessibles à la page Télécharger les données.
23 500 hospitalisations sont attribuables à la gangrène, aux infections et aux ulcères
Même lorsqu’elles ne se soldent pas par une amputation, les hospitalisations en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère demeurent des résultats indésirables pour les personnes diabétiques. L’examen de ces hospitalisations permet d’en savoir plus sur le fardeau que les besoins non satisfaits en matière de soins aux personnes diabétiques représentent pour les systèmes de santé et la société. Notre analyse a révélé qu’environ 23 500 patients ont été hospitalisés chaque année en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère lié au diabète touchant le membre inférieur, mais qu’ils n’ont pas subi d’amputation au cours de leur séjour.
Dans ce rapport, nous désignons comme des complications du diabète touchant le membre inférieur les amputations du membre inférieur et les hospitalisations en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère lié au diabète.
Des coûts d’hospitalisation de plus de 750 millions de dollars par année
Texte de remplacement
Chaque année de 2020-2021 à 2022-2023, il y a eu environ 31 220 hospitalisations pour des complications du diabète touchant le membre inférieur. Au total, ces hospitalisations ont coûté 750 millions de dollars par année, excluant les coûts des médecins et de la réadaptation ainsi que les autres dépenses. Ce montant ne reflète donc qu’une fraction des coûts totaux de ces complications pour les systèmes de santé.
23 500 hospitalisations en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère au membre inférieur n’ont pas impliqué d’amputation. Ces séjours à l’hôpital ont coûté en moyenne 21 000 $. Les 4 640 hospitalisations comprenant une amputation de la cheville, du pied ou de l’orteil ont coûté en moyenne 23 000 $. Les 3 080 hospitalisations incluant une amputation de la jambe — dont jusqu’à 85 % sont évitables — ont coûté en moyenne 47 000 $. C’est 4 fois le coût d’une arthroplastie du genou ou de la hanche.
La plupart des patients ont besoin de soins constants, par exemple des soins de réadaptation et des prothèses. De plus, leur risque de réadmission à l’hôpital et de décès est élevé.
Sources
Base de données sur les congés des patients, Système national d’information sur les soins ambulatoires, Base de données sur la morbidité hospitalière et Base de données canadienne SIG, 2020-2021 à 2022-2023; méthodologie de regroupement des maladies analogues (GMA+), 2023; Système global de classification ambulatoire, 2023, Institut canadien d’information sur la santé.
Ces coûts estimés excluent la rémunération des médecins et ne tiennent pas compte de la grande proportion de patients qui ont besoin d’une hospitalisation en soins de courte durée, de réadaptation, de services à domicile ou d’aides à la mobilité, comme des prothèses et des fauteuils roulants. Ils n’incluent pas non plus les coûts liés aux visites à l’urgence et aux soins en milieu communautaire dispensés avant l’hospitalisation. Par exemple, les ulcères du pied et les complications touchant le membre inférieur sont traités en milieu communautaire par les dispensateurs de soins de première ligne et dans les cliniques de soins des pieds¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð17. Par ailleurs, les données de l’Ontario et de l’Alberta indiquent que pour chaque séjour à l’hôpital pour un ulcère touchant le membre inférieur, une gangrène ou une infection, il y a 2 à 3 visites à l’urgence¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð18. Ces consultations ne sont pas prises en compte dans les taux d’hospitalisations et les coûts présentés dans ce rapport.
Séjours prolongés à l’hôpital et soins de suivi constants
Les amputations du membre inférieur et les hospitalisations en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère constituent des événements médicaux importants pour le patient et le système de santé.
- Dans les cas d’amputation de la jambe, la durée médiane du séjour était de 19 jours; 20 15 % de ces hospitalisations impliquaient plus d’une amputation. La durée du séjour et la complexité des soins contribuent à augmenter les coûts d’hospitalisation.
- Près du tiers des patients hospitalisés pour une amputation de la jambe sont ensuite retournés à la maison. La plupart ont été transférés vers une autre unité d’hospitalisation ou en soins de réadaptation.
- Pour les amputations de la cheville, du pied et de l’orteil, ainsi que pour les hospitalisations en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère, la durée médiane du séjour s’élevait à environ 8 jours. Environ 77 % et 65 % des patients, respectivement, sont ensuite retournés à la maison.
Les hospitalisations répétées sont monnaie courante
De nombreux patients hospitalisés pour un ulcère ou une amputation le sont à plusieurs reprises en raison de complications touchant le membre inférieur. Parmi les 31 220 hospitalisations par année attribuables à des complications du diabète touchant le membre inférieur, environ 19 100 concernaient des patients distincts. Les 12 120 autres étaient associées à des patients ayant fait des visites répétées durant l’année.
Notre analyse démontre aussi que 19 % des patients qui ont subi une amputation de la jambe ont été réadmis pour une autre amputation ou pour le traitement d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère dans les 12 mois suivant l’intervention initiale. Environ 37 % des patients qui ont subi une amputation de la cheville, du pied ou de l’orteil et 31 % des patients qui ont reçu un traitement pour une gangrène, une infection ou un ulcère ont été réadmis dans les 12 mois en raison d’une complication du diabète touchant le membre inférieur.
Le risque de décès est élevé
Jusqu’à 8 % des patients sont décédés à l’hôpital dans les 30 jours suivant leur hospitalisation pour une amputation de la jambe. C’est plus de 4 fois le taux de mortalité à l’hôpital dans les 30 jours suivant une chirurgie majeure¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð19. Les taux de mortalité à l’hôpital dans les 30 jours suivant une amputation de la cheville, du pied ou de l’orteil et une hospitalisation en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère s’élèvent respectivement à 3 % et 8 %.
En raison du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), de crise cardiaque et d’autres complications cardiovasculaires ou rénales également associées au diabète¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð7 ¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð20, le risque de décès est élevé pour les patients qui subissent une amputation ou qui reçoivent un traitement pour une gangrène, une infection ou un ulcère.
Le taux de mortalité augmente avec l’âge pour ces 3 complications. Notre analyse a révélé que 5 % des patients de moins de 65 ans sont décédés dans les 30 jours suivant une amputation de la jambe, contre 15 % des patients de 85 ans et plus.
43 % des amputations touchent des adultes d’âge moyen
Environ 43 % des amputations liées au diabète ont été réalisées chez des personnes de 40 à 64 ans. Parmi les personnes atteintes du diabète de type 1, approximativement 63 % des amputations visaient ce groupe d’âge. Environ 35 % des personnes atteintes de diabète de type 2 et 53 % des personnes atteintes de diabète de type 1 hospitalisées en raison d’une gangrène, d’une infection ou d’un ulcère avaient de 40 à 64 ans.
Chez les travailleurs actifs, le temps requis pour recevoir les soins des pieds nécessaires et se rétablir d’une amputation peut entraîner une perte de revenus, une perte de possibilités d’emploi et d’autres pertes non monétaires¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð6.
¸éé´Úé°ù±ð²Ô³¦±ðs
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de Mestral, et al. . JAMA Network Open. 2022.
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Chamberlain RC, et al. . Diabetes Care. 2022.
Comment citer ce contenu :
Institut canadien d’information sur la santé. Les amputations témoignent de la possibilité d’améliorer les soins du diabète et de réduire les coûts pour les systèmes de santé. Consulté le 21 décembre 2024.
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